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L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer

 

Résumé
 
« L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » est largement connu comme le premier soutra qui est parvenu au Tibet, bien avant que le Tibet ne devienne un pays bouddhiste, pendant le règne du roi tibétain Lha Thothori Nyentsen (lha tho tho ri gnyan btsan). Écrit pour être récité pour une pratique personnelle (individuelle), il commence par cent-huit prosternations et louanges aux nombreux Sages-Éveillés des dix directions et trois temps, aux douze catégories d’écriture contenues dans les Trois-Corbeilles (le Tripiṭaka), aux Êtres-de-l’Éveil (bodhisattvas) des dix directions, et aux Vainqueurs-des-Ennemis (arhat) disciples du Sage-Éveillé (Bouddha). Après leur avoir fait des offrandes, avoir confessé et purifié les actes non vertueux, et avoir fait le souhait d’accomplir des actions vertueuses dans toutes les vies, le texte inclut les récitations des vœux de requête de Protection (refuge) auprès des Trois-Joyaux et la génération de l’Esprit d’Éveil. Le texte se termine par la réjouissance envers les vertus des saints, une requête aux Sages-Éveillés afin qu’ils accordent la prophétie d’accomplir l’Éveil, et le souhait de passer après cette vie dans un état de pur Dharma.

 

Introduction
« L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » est largement connu et vénéré comme l’un des premiers textes bouddhistes parvenu au Tibet, au cours du troisième siècle selon la datation des historiens tibétains traditionnels, ou au cours du cinquième siècle, selon des érudits occidentaux tels que Hugh Richardson et Erik Harh. En tout cas, cela s’est passé bien avant que les Tibétains ne deviennent bouddhistes ou qu’ils aient une langue écrite. Cette histoire est corroborée par le propre colophon du texte, ainsi que par le texte déterminant de Butön « Histoire du bouddhisme en Inde et au Tibet ». Comme le rapporte Butön (bu ston(1290-1364), un grand érudit Sa-gya, auteur de l’Histoire du Bouddhisme, et un des premiers compilateurs du Kangyur, le Canon bouddhiste) dans la traduction d’Obermiller :

Le Roi Tho-tho-ri-ñan-tsen apparut comme le seizième de la lignée [commençant avec le premier Roi tibétain Ña-thi-tsen-po]. Quand ce dernier atteignit l’âge de seize ans et alors qu’il demeurait au sommet du palais Yam-bu-la-gaṅ, un coffret tomba des cieux, et quand son couvercle fut ouvert, le Soutra Kāraṇḍavyūha, « L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » et un reliquaire d’or furent trouvés à l’intérieur. Le coffret reçut le nom de « l’aide mystérieuse » et fut vénéré (par le roi). Celui-ci vint à vivre 120 ans et assista à l’aube de l’Enseignement Fondamental Supérieur ; jusque-là, le royaume avait été gouverné par les Bön. Dans un rêve (que ce roi fit), il reçut la prophétie que, à la 5ème génération, on connaîtrait le sens de ces (textes sacrés qu’il avait miraculeusement obtenus).(D’après la traduction d’Obermiller, 1999)

 Bien que le texte soit probablement parvenu au Tibet au plus tard au Vèmesiècle, il ne fut pas traduit pendant plusieurs siècles, puisque la langue tibétaine n’était même pas encore retranscrite par écrit. Il fut traduit seulement au milieu du septième siècle, presque aussitôt après que la langue écrite du Tibet fut développée. Ainsi, « L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » pourrait être non seulement le premier écrit bouddhiste à parvenir au Tibet, mais aussi parmi les premiers à être traduits et écrits dans la nouvelle écriture tibétaine.

Bien que l’introduction du texte lui-même n’indique pas de quelle langue il a été traduit, et le colophon n’indique pas qui l’a initialement traduit, à la fois Butön et Mangthö Ludrup Gyatso (mang tho sklu sgrub rgya mtsho – Pratiquant Naga  Océan d’érudition) déclarent que ce texte a d’abord été traduit par Thönmi Sambhoṭa (thon mi sambhoṭa – ཐོན་མི་སམྦྷོ་ཊ-Jeune homme du clan des Thonmi, il fut envoyé en Inde avec d’autres jeunes pour apprendre l’alphabet ; il fut le seul à rentrer au Tibet et il est considéré comme l’inventeur de l’écriture tibétaine), le célèbre érudit tibétain qui aurait développé l’alphabet tibétain et le système d’écriture vers l’an 650 de notre ère et qui a également traduit plusieurs textes du sanskrit. Ainsi, ce pourrait bien être l’un des premiers textes écrit dans le système d’écriture tibétain nouvellement développé.

Thönmi est habituellement reconnu comme un érudit et un traducteur à l’époque où le palais du Potala et les temples du Jokhang furent construits à Lhassa. Butön laisse supposer que ce texte a pu être lu ou étudié par le premier grand roi du Dharma tibétain Songtsen Gampo(srong btsan sgam po). Comme l’explique Butön :

[Un des descendants du Roi Tho-tho-ri-ñan-tsen] naquit l’année de la Vache de feu et reçut le nom de Ṭhi-desroṅ-tsen [devenu plus tard Songtsen Gampo (srong btsa nsgam po)] …. [À] treize ans, il monta sur le trône et mit sous ses ordres tous les petits chefs des régions frontalières qui offraient leurs cadeaux et envoyaient leurs messages (de soumission). Comme à cette époque-là il n’y avait pas d’écriture au Tibet, le fils d’Anu de la tribu Thon-mi (plus tard appelé Thon-mi sam-bhota) fut envoyé avec seize compagnons (en Inde) pour étudier l’art de l’écriture. Après avoir étudié avec le Paṇḍit Devavidyāsiṁha, ils mirent en forme un alphabet composé de trente consonnes et quatre voyelles, conforme à la langue tibétaine. Ces lettres furent formées en ressemblance avec les caractères du Cachemire. Une fois que cet alphabet fut définitivement mis en forme au temple de Maru à Lhassa, Thon-mi composa huit ouvrages sur l’écriture et la grammaire, et le roi les étudia pendant quatre ans dans la solitude. Le Soutra Kāraṇḍavyūha, ,(’phags pa za ma tog bkod pa zhes bya ba theg pa chen po’i mdo qui loue les vertus et les pouvoirs d’Avalokiteshvara) « L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » et le Soutra Ratnamegha (dkon mchog sprin gyi mdo, Le soutra du Nuage de Joyaux) ont ensuite été traduits (en tibétain) (d’après la traduction d’Obermiller, 1999)

Bien que son contenu ne soit pas largement cité dans les textes saints qui font référence et qu’il n’y ait pas de commentaires à ce sujet dans le Tengyur, « L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » est d’une grande signification historique et religieuse. Encore aujourd’hui, il est dit que garder une copie de ce texte va bénir le bâtiment dans lequel il se trouve par une protection contre les obstacles. En raison de son statut de premier texte bouddhiste à parvenir au Tibet, il a été vénéré pendant des siècles comme un bon augure pour le début de l’Enseignement-de-l’Éveil (Dharma) au Tibet.

Cette traduction en Anglais est basée sur la version de Dégé (sde dge) du Kangyur, en référence aux différences entre les diverses autres versions du Kangyur telles que trouvées dans l’édition comparative de Bka’ ’gyur dpe bsdur ma. Les quelques petites variations entre les versions du Kangyur ne changent qu’un mot ou deux de la traduction anglaise, et ces variantes ont été notées dans les notes de fin (ici, ces notes sont mises au fur et à mesure).

Selon le Catalogue Tōhoku des Canons Bouddhistes (Toh. 270), on ne connaît aucune version en Sanskrit ou en Chinois de ce soutra.

« L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer » comprend les pratiques bouddhistes essentielles (primordiales) du Grand Véhicule (Mahāyāna) que sont les prosternations, les offrandes, la confession, la réjouissance, la requête de la protection (refuge), et l’esprit d’éveil. Il comprend également les noms d’un grand nombre des plus importants Sages-Éveillés, Êtres-de-l’Éveil, disciples du Bouddha, et les types de textes saints à considérer comme des objets de prosternation et d’offrande.

Écrit pour être récité pour une pratique personnelle (individuelle), le texte commence par cent-huit prosternations et louanges aux nombreux Sages-Éveillés des dix directions et des trois temps, aux douze catégories d’Écrits contenues dans les Trois-Corbeilles (Tripiṭaka), aux Êtres-de-l’Éveil des dix directions et aux Vainqueurs-des-Ennemis (Arhat) disciples du Sage-Éveillé (Bouddha). Après leur avoir fait des offrandes, confessé et purifié les actes non vertueux, et fait le souhait d’accomplir des actions vertueuses dans toutes les vies, le texte inclut les récitations des vœux pour se placer sous la Protection des Trois Joyaux et de la génération de l’Esprit d’Éveil. Le texte se termine par la réjouissance envers les vertus des saints, par la requête auprès des Sages-Éveillés pour qu’ils accordent une prophétie pour accomplir l’Éveil, et le souhait de passer après cette vie dans un état de pur Dharma.

L’un des aspects difficiles de la traduction de ce texte est le titre lui-même, « L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer », qui est en Tibétain dpang skong phyag brgya pa. La traduction adoptée ici diffère considérablement de la première traduction approximative du titre par Obermiller : « Cent préceptes concernant la dévotion ». L’expression dpang skong signifie appeler un témoin. C’est le même mot utilisé pour appeler un témoin dans un procès. Dans ce contexte, il s’agit probablement d’inviter les Sages-Éveillés et les Êtres-de-l’Éveil des dix directions à être témoins de notre pratique de l’Enseignement-de-l’Éveil, en particulier, de la confession et de la purification des actes non vertueux qui est contenue dans ce soutra, car de façon idéale (de préférence) cette confession et cette purification sont faites en présence d’êtres saints. Après la confession, les Sages-Éveillés et les Êtres-de-l’Éveil servent également de témoins aux vœux de requête de protection (refuge) et de développement de l’Esprit d’Éveil, et à la réjouissance qui en découle et à l’aspiration aux actes vertueux. Quant à la phrase phyag brgya, cela signifie cent prosternations ou cent hommages.

 Un autre aspect difficile de la traduction de ce soutra est la traduction des nombreux noms des Sages-Éveillés, en particulier ceux qui sont formés de composés longs. Nous avons remis les noms des Sages-Éveillés du Tibétain en Sanskrit quand c’était possible en suivant des glossaires et des dictionnaires fiables tels que, entre autres, le Mahāvyutpatti, le dictionnaire bouddhiste Sanskrit hybride de F. Edgerton et le Dictionnaire Tibétain Sanskrit J.S. de Negi (et également Lokesh Chandra 1987 and 1976). Sinon, nous avons traduit le Tibétain en Anglais, en suivant d’aussi près que possible la grammaire du nom composé tel qu’il apparaît en Tibétain.

LA TRADUCTION

Edition Dergé : dpang skong phyag brgya pa (L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer)
Edition Narthang : dkon mchog gsum la phyag ’tshal lo (Trois rares et Sublimes, devant vous nous nous inclinons)

 [F.1.b] Devant chacun de ceux de la multitude (myriade) des Trois Joyaux, devant les Sages-Éveillés et les Êtres-de-l’Éveil et leur entourage (leur suite) qui apparaissent et demeurent dans les mondes illimités et infinis de l’existence des dix directions et des trois temps, avec dévotion nous nous inclinons.

Devant Vous, Sages-Éveillés des dix directions, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Mine-de-Joyaux (tathāgata Ratnākara), Sage-Éveillé de l’Est, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Gloire-Sans-Souffrance, (tathāgata Aśokaśrī, mya ngan med pa’i dpal) Sage-Éveillé du Sud, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Joyau-qui Irradiez-de-Lumière (tathāgata Ratnārcis, rin chen‘od ‘phros), Sage-Éveillé de l’Ouest, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Seigneur-Victorieux (tathāgata Jinendra Jina : Vainqueur (des passions) et Indra : seigneur), Sage-Éveillé du Nord, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Samādhihastyuttaraśrī, Sage-Éveillé du Nord-Est, nous nous inclinons. [F.2.a]

Devant Vous, Ainsi-Allé Padmottaraśrī, Sage-Éveillé du Sud-Est, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sūryamaṇḍalapratibhāsottamaśrī, Sage-Éveillé du Sud-Ouest, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Chattrottamaśrī, Sage-Éveillé du Nord-Ouest, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé qui Avez-la-Beauté-du-Lotus (tathāgata Padmaśrī (padma = lotus, Sri = beauté, rayonnant, irradiant), Sage-Éveillé du Nadir, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé qui Irradiez-de-Bonheur (tathāgata Ānandaśrī, Ananda = Félicité, Bonheur, et Sri = irradiant), Sage-Éveillé du Zénith, nous nous inclinons.

Et encore, Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé de l’Est, l’Inébranlable (Akṣobhya, mi bskyod pa), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé du Sud, Né-du-Joyau (Ratnasaṃbhava, rin ‘byung), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé de l’Ouest, Lumière-Infinie (Amitābha, ‘od dpag med), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé du Nord, Accomplissement-sans-entrave (Amoghasiddhi, don ‘grub), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Joie-Héroïque (Vīrasena, le cinquième des trente-cinq Bouddhas de la Confession, dpa’ bo’i sde), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Vie-Infinie (Amitāyus, tshe dpag med), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Inébranlable (Akṣobhya, mi bskyod pa), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Maître-de-la-Guérison, Roi-de-la-Lumière-de-Béryl (Bhaiṣajyaguruvaiḍūryaprabharāja), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sage-Éveillé Śālasaṃkusumitarājendra, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sage-Éveillé Puissant des Shakya (Śākyamuni), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sage-Éveillé Roi-Joyau-éclatant (Ratnaśrīrāja (Ratna=joyau, sri=splendeur, brillance, éclat, beauté ; raja = roi), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sage-Éveillé Toujours-Excellent (Samantabhadra, kun tu bzang po), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sage-Éveillé Plein-Rayonnement (Vairocana, rnam snang), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé Sage-Éveillé Roi-à-la-Fragrance-d’un-Lotus-Bleu (Utpala)-Florissant nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde des Bannières-de-Victoire-de-Couleur-Safran, Sage-Éveillé Parfaitement-Soumis-par-l’Essence-Adamantine, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde où la Roue-qui-ne-Régresse-pas-a-été-Proclamée, Sage-Éveillé Corps-de-Lotus-Florissant-de-l’Absence-Totale-de-Doute, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde-sans-Poussière, Sage-Éveillé Lion (Simha, seng ge), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde-de-l’Éveil-Suprême, Sage-Éveillé au Précieux Sommet de la Tête (Ratnaśikhin, rin chen gtsug tor can), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde-de-la-Noble-Lumière, Sage-Éveillé Plein-Rayonnement (Vairocana, rnam snang), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde-Difficile-à-Transcender, Sage-Éveillé Corps-de-Lumière-de-l’Enseignement-de-l’Éveil-qui-se-Déploie-Largement, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde-qui-est-Sublimement-Noble, Sage-Éveillé Roi-Lumière-d’Intelligence-qui-Comprend-Tout, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé dans le Monde-où-le-Disque-de-Miroir-a-été-Proclamé, Sage-Éveillé Esprit-Semblable-à-la-Lune, nous nous inclinons.

Devant Vous tous qui Ainsi-Êtes-Allés dans le Monde-de-la-Gloire-du-Lotus, nobles Sages-Éveillés merveilleux (remarquables), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Lumière-de-Lune (ou Glorieux-Lotus), (Candraprabha, Degé edition zla‘od ; Lithang edition et Coné edition, pad mo dpal gyi), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé de Grande-Beauté, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Roi-Seigneur-de-l’Orbe-du-Monde, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Yeux-Emplis-de-Joie, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Océan de Splendeur, (Sāgaraśrī : Sagara=océan, sri=grâce, splendeur, brillance) nous nous inclinons. [F.3.a]

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Pilier-d’Or, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Lumière-de-Bonnes-Qualités-Illimitées, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Roi-Particulièrement-Exalté-par-la-Précieuse-Splendeur (Grandeur)-qui-s’élève-de-Toutes-les-Aspirations, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Roi-des-Sons-Mélodieux-Renommés, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Seigneur-de-l’Océan-Sagesse-de-Diamant, nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé qui-Voyez (Vipaśyin, sangs rgyas rnam gzigs, premier Bouddha du passé), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé qui Avez une Protubérance Crânienne (Śikhin, gtsug tor can, deuxième Bouddha du passé), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Protecteur-de-Tous (Viśvabhū, thams cad skyob, troisième Bouddha du passé), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Destructeur-du-Cycle-des-Existences (Krakucchanda, ‘khor ba ‘jig, quatrième Bouddha du passé), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Puissant-d’Or (Kanakamuni, gser thub, cinquième Bouddha du passé), nous nous inclinons.

Devant Vous, Ainsi-Allé, Sage-Éveillé Protecteur-Rayon-Lumineux (Kāśyapa, ‘od bsrung, sixième Bouddha du passé), nous nous inclinons.

Devant Vous tous, Sages-Éveillés du passé, nous nous inclinons.

Devant Vous tous, Sages-Éveillés demeurant dans le présent, nous nous inclinons.

Devant Vous tous, Sages-Éveillés à venir, nous nous inclinons.

Devant la gloire (la gloire courageuse, le courage) de tous les Êtres-d’Éveil (Degé edition. dpal (gloire) ; Yunglo (g.yunglo) edition : dpa’ ba’i dpal (la gloire courageuse); Lithang edition, Beijing edition et Coné edition : dpa’ (courageux)), Vous tous qui illuminez grandement (rnam par snang mdzad – plein rayonnement, également le nom du Bouddha Vairocana), nous nous inclinons.

Devant Vous, Corps-Absolu (dharmakāya) illimité du Sage-Éveillé, nous nous inclinons

Devant Vous tous, Corps-Formels (rupakāyas) dans les mondes infinis, nous nous inclinons

Devant toutes les reliques, nous nous inclinons ; devant tous les supports d’offrande (stoupa), nous nous inclinons.

Devant la catégorie d’Énoncés (soutra), devant le Saint-Enseignement-de-l’Éveil, nous nous inclinons. (les catégories d’Énoncés (soutra) (mdo’i sde) sont la première des douze branches des Écritures (gsung rab kyi yan lag bcu gnyis) qui sont énumérées ici.)

Devant la catégorie de vers (chants) mélodieux, nous nous inclinons.

Devant la catégorie d’enseignements prophétiques, nous nous inclinons.

Devant la catégorie de vers mesurés (comptés), nous nous inclinons.

Devant la catégorie de comptes-rendus spéciaux, nous nous inclinons.

Devant la catégorie de sujets (thèmes), nous nous inclinons. [F.3.b]

Devant la catégorie de comptes-rendus illustrés, nous nous inclinons.

Devant la catégorie de paraboles, nous nous inclinons. (En Tibétain : ‘das pa brjod pa’i sde. Mais, Mahāvyutpatti (1274), écrit : de lta bu byung ba’i sde pour la catégorie itivṛttaka (paraboles, histoires), et cela semble être l’équivalence la plus habituelle.)

Devant la catégorie des comptes-rendus des vies passées, nous nous inclinons.

Devant la catégorie des Écritures extensives (détaillées), nous nous inclinons.

Devant la catégorie des Enseignements merveilleux, nous nous inclinons.

Devant la catégorie des instructions parachevées (complètes), nous nous inclinons.

Devant la Corbeille des Êtres-de-l’Éveil (Bodhisattvapiṭaka), le trésor du Grand Véhicule (Mahāyāna) tout entier, nous nous inclinons.

Devant toutes les Écritures des dix directions et des trois temps, et devant toutes les méthodes possibles d’apprivoisement (maîtrise) sans exception, nous nous inclinons.

Devant la Sphère-des-Phénomènes (dharmadhātu), indescriptible perfection ultime, nous nous inclinons.

Devant chaque syllabe du Saint-Enseignement-de-l’Éveil, telle que la Mère de tous les Allés-Ainsi (tathāgatas), la Sagesse Transcendante (Prajñāpāramitā), nous nous inclinons.

Devant les Êtres-de-l’Éveil, les Grands-Êtres (mahāsattvas), ceux qui éclairent (illuminent), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil de l’Est, Toujours-Lumineux (Samantaprabha, kun tu ‘od), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil de la direction Sud, Sans-Souffrance (Aśokadatta, Asoka = sans souffrance, mya ngan med, et datta = doté de, désigne un être,) nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil de l’Ouest, Intelligence-en-la-Conduite, nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Nord, Victorieux (Jayadatta, Jaya = Victoire, et datta = doté de), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Nord-Est, Vijayavikrāmin, nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Sud-Est, Détenteur-du-Lotus, (Padmapāṇi), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Sud-Ouest, Soleil-Rayonnant (Sūryaprabha Sūrya = soleil prabha = rayonnant, irradiant, brillant), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Nord-Ouest, Joyau-Exalté, nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Nadir, Padmottara, nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil du Zénith, Donné-par-la-Joie, nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Seigneur-dont-les-Yeux-Embrassent-le-Monde (Avalokiteśvara), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Méricordieux (Maitreya), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Essence-de-l’Espace (Ākāśagarbha, nam mkha’ snying po), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Toujours-Excellent (Samantabhadra), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil qui Tenez-le-Sceptre-Adamantin (Vajrapāṇi), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Gloire-de-Douceur (Mañjuśrī), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil qui Dissipez-les-Obscurcissements (voiles, entraves, souillures) (Sarvanīvaraṇaviṣkambhin, sgrib pa rnam sel), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Matrice-de-la-Terre (Kṣitigarbha, sa’i snying po), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil RenomméImmaculé (Vimalakīrti, dri med grags pa), nous nous inclinons.

Devant Vous, Être-de-l’Éveil Arrivée-d’une-Grande-Puissance (Mahāsthāmaprāpta), nous nous inclinons.

Devant Vous tous, Êtres-de-l’Éveil, Grands-Êtres (mahāsattvas) des dix directions et des trois tempsnous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Śāriputra, le plus grand par la sublime sagessenous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Maudgalyāyana, le plus grand par les sublimes miraclesnous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Ānanda (kun dga’i bo), le plus grand qui a beaucoup entendunous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Protecteur-Rayon-Lumineux (Kāśyapa, ‘od bsrung) le plus grand par les bonnes qualités de discipline, nous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Kauṇḍinya, le plus grand par votre dévotion envers les préceptesnous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Upāli, le plus grand par le maintien de la discipline éthique (Vinaya), nous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Sans-Obstacle (Aniruddha), le plus grand par la possession de l’œil miraculeuxnous nous inclinons.

Devant Vous, Noble Subhūti, le plus grand par les questions et les réponsesnous nous inclinons.

Devant Vous, assemblée tout entière des nobles Vainqueurs-des-Ennemis (arhats), nous nous inclinons.

Devant Vous tous, Vainqueurs Solitaires (prateyakabuddhas), nous nous inclinons.

Devant toutes les AssembléesVertueuses (sangha) des dix directions, nous nous inclinons.

En nous inclinant avec dévotion devant les Trois Joyaux, que toutes les négativités soient purifiées, que l’accumulation de mérite s’épanouisse pleinement et que les bonnes qualités extraordinaires qui s’élèvent des discours de chaque Seigneur Sage-Éveillé (bhagavān) s’accomplissent.

Devant tous les Trois Joyaux des dix directions, nous nous inclinons. Nous les louons et les glorifions, nous les voyons et les discernons.

A tous ceux des Trois Joyaux qui n’ont pas existé dans le passé, qui n’existent pas dans le présent et ne seront jamais abandonnés, nous faisons continuellement des offrandes et les vénérons, sans cessation jusqu’à la fin des temps. Nous faisons des offrandes du Dharma, ainsi qu’une diversité d’offrandes comparables à l’incomparable, qui s’élèvent par le mérite infini des Êtres-de-l’Éveil, et sont exaltées, les plus grandes, sacrées, spéciales, nobles, suprêmes et insurpassables, comparables à l’incomparable, et qui emplissent complètement le monde entier des dix directions. [F.4.b] Ayant fait ces offrandes, nous vous prions de les accepter. Nous nous efforcerons de vous vénérer, vous honorer, vous respecter et vous réjouir.

Sans en cacher même les plus infimes, nous avouons et confessons les péchés et les actions non vertueuses qui sont contraires à toutes les Saintes Écritures et que nous avons commis nous-mêmes dans cette vie ou en errant dans les trois mondes au cours des naissances sans commencement et sans fin, ceux que nous avons fait faire à d’autres, ou ceux dont nous nous sommes réjouis que d’autres les commettent. Ce sont : les dix actes non-vertueux du corps, de la parole et de l’esprit qui ont été commis sous l’influence du désir, de l’aversion et de l’ignorance ; les cinq actes incommensurables et ainsi de suite. Nous les purifions et les éliminons (dissipons), les examinons et les rejetons. Nous ne les cacherons pas, ne les dissimulerons pas, et nous ne manquerons pas de les reconnaître. Alors, à ce moment-là, toutes les négativités seront purifiées, et tout le mérite sera complètement accompli.

A partir de maintenant jusqu’à ce que l’essence de l’Éveil soit atteinte, dans toutes nos vies futures, puissions-nous ne jamais tomber dans des naissances inférieures qui entravent, telles que la naissance dans les trois royaumes inférieurs, à l’exception seulement des émanations pour le bienfait des autres. Puissions-nous ne jamais avoir d’inclination (de penchant) pour des actions non vertueuses erronées, ni en commettre. Puissions-nous ne jamais avoir d’inclination (de penchant) pour les causes des actions et des obscurcissements (voiles), ni en accumuler les causes. Après avoir été complètement libérés des résultats, tels que la souffrance et un corps méprisable, puissions-nous ne plus jamais en faire l’expérience.

A partir de maintenant jusqu’à ce que l’essence de l’Éveil soit atteinte, puissent les vertus de nos corps, parole et esprit continuer comme un flot ininterrompu. [F.5.a] Quelle que soit la vie dans laquelle nous pourrions renaître, puissions-nous posséder le bonheur et la joie excellentes, et atteindre la capacité et la puissance pour agir pour le bienfait de tous les êtres sensibles. Cet Enseignement-de-l’Éveil qui n’est compris que par Ceux-Allés-Ainsi (tathâgatas), cette nature telle quelle, qui génère sans aucun doute l’Éveil insurpassable – puissions-nous les comprendre pleinement sans erreur, les méditer, les enseigner aux autres sans erreur et les guider.

A partir de maintenant jusqu’à ce que l’essence de l’Éveil soit atteinte, nous nous plaçons sous la Protection des Trois Joyaux. Nous leur offrons notre corps ; puisse chacun des grands compatissants l’accepter pour toujours. Les Sages-Éveillés et les Êtres-de-l’Éveil des trois temps, qui sont libres de toutes choses, qui sont comparables aux dharmas dépourvus de soi, qui ne sont pas compris dans les agrégats (skandha), les domaines (Degé edition : khams= domaine, royaume ;Yunglo (g.yunglo) edition, Lithang edition, Narthang edition et Coné edition : dngos po dang sems : la matière et l’esprit) (selon le traducteur : dhātu) ou les bases de la connaissance (āyatana, sphère des sens) (Ces trois classifications d’éléments (dharma) sont, suivant l’Abhidharma, des façons de décrire les constituants impersonnels qui composent une personne. Les cinq agrégats rassemblent tous les éléments conditionnés, tandis que les dix-huit domaines sont composés des six sortes d’objets, des six facultés correspondantes – cinq sensorielles et une mentale – et des six consciences. Les douze bases sont les six objets et les six facultés correspondantes qui servent de sources de connaissance) et qui sont non nés depuis des temps sans commencement, ont engendré (généré) l’Esprit d’Éveil grâce à leur nature de vacuité. De même, nous, dont le nom est …, engendrons (générons) aussi l’Esprit d’Éveil à partir de maintenant, jusqu’à ce que l’essence de l’Éveil soit atteinte. Puissions-nous ne jamais perdre ni mépriser (négliger) l’Esprit d’Éveil, et ne jamais être séparés des nobles Maîtres spirituels.

De même que les Sages-Éveillés des trois temps se réjouissaient des mérites insurpassables, nous dont le nom est …. nous réjouissons aussi de tout mérite mondain et au-delà du monde. Quand le moment de la mort sera certain, puissions-nous voir directement les nobles (saints) visages de tous ces Sages-Éveillés et Êtres-de-l’Éveil, et lorsqu’ils tendront leur main droite d’or et la placeront sur notre tête, puissions-nous recevoir la prophétie. Et puissions-nous mourir avec l’esprit qui ne soit pas dans l’illusion (la tromperie) des voiles (obscurcissements), avec une aspiration en accord avec les dharmas dépourvus de soi, et avec l’Esprit d’Éveil sans limite. [F.5.b]

En bref, après avoir purifié toutes les tendances habituelles sans exception, nous accomplirons complètement les deux accumulations de mérite et de sagesse. Afin de libérer tous les êtres sans exception, puissions-nous rapidement atteindre l’Éveil parfait.

Ceci complète « L’accomplissement de cent prosternations devant ceux qui peuvent confirmer ». Comme un présage de la naissance du Saint Enseignement au Tibet, pendant le règne du roi Lha Thothori Nyanshal (lha tho tho ri snyan shal), ce texte est descendu du ciel dans le palais Yumbu Lhakhang (yum bu bla mkhang). Le roi a rêvé qu’après cinq générations il serait possible de comprendre le sens de ce texte. C’est ainsi que le Saint Enseignement débuta.